Sonambule
Pendant que les champs brûlent

18 juin 2021 ︎ 21 juin 2021
Exposition collective dans le cadre du projet curatorial S O N A M B U L EEn
réaction
à la mise
à l’arrêt de
la culture, le collectif curatorial
1heure61 s’associe à 6 ateliers
d’artistes pour vous proposer
une exposition-parcours réunissant
40 artistes de la scène montreuilloise.
Pensée comme un parcours ondulatoire,
Sonambule propose de mettre en
regard le sonore et le visuel, en
repensant le format classique de
l’exposition. Au cœur de cette balade,
une déambulation guidée par le son,
et des œuvres qui se muent au contact
de la musique. Sonambule est hybride,
mutante et mouvante. Elle explore l’idée
d’un temps synchrone : simultanément,
chaque atelier sera le théâtre d’une rencontre
entre des œuvres et une musique spécifiquement
choisie pour l’espace, de Hildegarde à Plantasia,
en passant par Aphex Twin.
Et pour pousser la résistance et la synergie
collective, cet événement fait voyager les œuvres
d’un atelier à un autre. Curieux sens dessus dessous
qui appelle à penser autrement les manières de voir
et de faire l’art. L’exposition ouvre des questionnements
multiples : quelle forme peut emprunter une “exposition
vivante” ? Quelles images le son fait-il naître ?
La musique peut-elle prendre une forme
tangible ? À la clé : une balade
déroutante où œuvres plastiques,
musique et performances
s’entremêlent, quatre
jours durant, dans
l’écosystème
de Montreuil
.
Artistes @flamme :
Léticia Chanliau
Mélanie Feuvrier
Valentine Franc
Samuel Lecocq
Chloé Macary-Carney
Carine Prache
Louise Vendel
+
Camille Leherpeur @ Fiasco
Adrien Fricheteau @ Collectif S.P.O.R.T.S.
Brieg Huon @ Atelier du Midi
Commissariat / Textes
Sarah Amane & Sophie Bernal
Collectif 1heure61
@flamme
Pendant que les champs brûlent, l’atelier Flamme vous invite à vous réfugier entre ses murs pour profiter de l’oasis qu’il a bâti. Zone d’exception érigée au milieu du désordre, cet espace accueille les survivant.es d’une culture en feu. Ici, vous pouvez reprendre votre souffle, vous abreuver, et vous laisser aller à l’enivrement.
Néanmoins, alors que vous baissez votre garde, par vagues, une fumée s’infiltre par les interstices au gré des courants extérieurs, et flotte maintenant dans l’air jusqu’à vous caresser d’une odeur familière. L’extérieur semble vous rattraper dans cet abri molletonné. Alors, les coups d’œil vers l’extérieur se font de plus en plus insistants. Reclus.es là, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander ce qui se passe là-bas pour que de telles effluves vous parviennent jusqu’ici.
Un doute s’installe : et si vous aviez quitté un brasier pour en rejoindre un autre, à l’apparence plus trompeuse ? Plus vif que vous, il aurait déjà pénétré ces murs avant votre arrivée, pour se fondre dans le décor. En regardant autour plus attentivement, vous reconnaissez des éléments familiers. Ce que vous avez décelé en suspension s’incarne bel et bien et habille ce refuge.
Pensé comme un espace propice à la détente, on y trouve des jeux en communauté liant l’utile à l’agréable. Une partie est l’occasion de se rassembler, mais aussi de rejouer certaines interactions aux teintes sociales et politiques. Très vite, les jeux qui se jouent entre ces murs montrent des failles, et pointent du doigt leur propre structure. Emmêlé.es dans leur toile, l’occasion rêvée se présente pour observer la manière dont les fils sont tissés.
En prenant plus de perspective, le lieu entier semble cultiver une réalité artificielle aux symptômes criants. Le paysage qui s’y dessine est partiel, en tension. Presque rituellement, on y représente ce qui est en train de s’effondrer : des champs à la ville, du naturel au « dit » civilisé, le feu n’épargne rien. Qu’est-ce que ces monuments non-glorieux disent alors des êtres qui les ont érigés ?
Au cœur de cet espace aux frontières brumeuses, un non-lieu se déploie. Quels liens et quelles identités se maintiennent en son sein ? Construit pour y échapper, cet enclos est résolument tourné vers l’extérieur. Ici, se rejoue d’une manière ce qu’on pensait avoir fui, un cadre dans un cadre à la saveur délicatement sauvage.
Photographies : ©Mélanie Feuvrier




























